Alors que l’évènement planétaire Paris 2024 bat son plein, c’est le moment de se souvenir que des calédoniens ont aussi écrit quelques pages de l’histoire de l’olympisme. Parmi eux, se trouvaient notamment trois calédoniens d’origine bretonne.
Premier sportif natif du territoire à accéder à un podium olympique, Robert Chefd’hôtel a ramené la médaille d’argent du relais 4×400 mètres au jeux Olympiques de Londres en 1948.
Né à Nouméa en 1922, Robert était le fils de Félix, un marin engagé volontaire natif de Brest et débarqué à Nouméa au début des années 1900. Quittant définitivement la Marine en 1906, Félix était devenu agent de police à Nouméa, après avoir épousé Emilie Ledamoisel, une calédonienne de Bourail.
La famille quittera définitivement le territoire en 1933 pour la région parisienne où Robert entamera d’abord une carrière sportive de cycliste. Ayant dû vendre son vélo pendant la seconde guerre mondiale, Robert se tournera alors vers l’athlétisme à la fin du conflit.
L’arbre généalogique paternelle du champion, décédé à l’âge vénérable de 97 ans dans la Drôme, recense une longue lignée de marins bretons et vendéens.
C’est en 1966 que la natation calédonienne prend son envol avec l’ouverture des piscines du CNC et du Ouen Toro, construites à l’occasion des Jeux du Pacifique de la même année. Certains se souviennent peut-être aussi de Marie Josée Kersaudy, jeune prodige de la natation calédonienne de l’époque. Membre du Cercle des Nageurs Calédoniens (CNC), elle intègre de l’équipe de France de natation et est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Mexico en 1968, l’année de ses 13 ans, pour prendre part aux courses de 200, 400 et 800 mètres nage libre et au relais 4×100 mètres nage libre.
Après avoir tout gagné au niveau régional, national et battue un record d’Europe du 400 nage libre, elle abandonnera définitivement la compétition en 1971 pour se concentrer sur ses études.
Nul doute que malgré sa courte carrière, Marie Josée Kersaudy a néanmoins très largement contribué à mettre la natation calédonienne sur la rampe de lancement qui lui a permis d’atteindre un niveau international avec les succès qu’on lui connait depuis ces deux dernières décennies.
L’histoire des Kersaudy en Nouvelle-Calédonie avait commencé dans les années 50. Arsène Kersaudy, est né à Bourbriac, dans les Côtes-du-Nord, aujourd’hui Côtes d’Armor, d’un père gendarme finistérien et d’une mère commerçante à Bégard (22). Devenu médecin, il débarque en Nouvelle-Calédonie après la seconde guerre mondiale et épouse Simone Galaud à Koumac en 1949. Marie-Josée naît à Paris, sous le signe des Poissons et sera baptisée du prénom de sa grand-mère paternelle Marie Joséphine Le Cozic.
Mais si une bonne partie des branches de son ascendance paternelle se situe dans les villages de l’Argoat trégorrois autour de Guingamp, le berceau historique de la famille Kersaudy se trouverait plutôt du côté de Cléden-Cap Sizun depuis au moins le XVème siècle, à travers les villages de cette presqu’île du bout du monde battue par les vents et les marées.
Extrait du dictionnaire des noms de famille bretons d’Albert Deshayes Ed. 2005 :
Kersaudy, 1420, 1444, Cléden-Cap-Sizun; Kersauldy, 1547, id), fréquent dans le Cap-Sizun, et sa variante possible Kersaudic, relevé à Melgven procèdent vraisemblablement du Kersaudy en Cléden-Cap-Sizun (29), ancien lieu noble attesté en 1444 et noté Kersaudicq en 1704. Ce nom de lieu se montre aussi en Cléder (29), Kerasaudy en 1695, en Pouldreuzic (29), également ancien lieu noble noté Kersaudy en 1426, mais Kersaudic en 1457 en Saint Pol (29), Kerexaudi en 1288, Keresaudy en 1515, en Saint Gilles-du-Vieux-Marché (22) et en Brandérion (56). Le composant serait un nom Exodi, fréquent en anthroponymie, avec comme variante Esaudy attestée à Morlaix aux XVIème et XVIIème siècles.
Les Olympiades de Sydney en 2000 ont été fastes pour les calédoniens avec les 2 premières médailles d’or remportée par des sportifs du territoire. D’abord, celle de la légende du sprint paralympique en fauteuil, Pierre Fairbank, toujours en course pour cette année 2024, d’une part, et celle du cycliste Laurent Gané, champion olympique de vitesse sur piste par équipe, d’autre part.
Initié dès 1870 à Nouméa, avec la fabrication d’un vélocipède à deux places pour les frères Gaveau, le cyclisme est devenu depuis, un des sports les plus populaires du Caillou.
Et dans les années 50, un certain Maurice Gané avait déjà son petit succès lors de courses sur les routes calédoniennes, alors commentées à la radio par le journaliste Henri de Camaret. Une quarantaine d’années plus tard, c’est sur piste que son petit-fils obtiendra la consécration olympique.
L’histoire bretonne et océanienne familiale de la famille Gané commence d’abord par celle de l’ancêtre Jean-Baptiste Ganet, qui naît en 1807 dans les Landes, d’un couple de meuniers. Ses parents étant décédés alors qu’il n’a que 5 ans, celui-ci s’engage dans la gendarmerie.
Au hasard des mutations, on le retrouve à Guérande en 1839 où il épouse une commerçante. Puis le couple continue ses pérégrinations entre les communes du golfe du Morbihan et la région nantaise.
Leur fils, Emile Edouard Jean Baptiste nait à Rézé, en Loire-Inférieure (actuel Loire-Atlantique). Sur les traces de son père de retour à Sarzeau, il épouse Anaïse Guimené et s’y installe comme pâtissier.
Le couple aura au moins 8 enfants (2 filles et 8 garçons) entre Sarzeau, Pluneret et Vannes entre 1868 et 1890. Mais la pauvreté qui sévit dans toute la Bretagne à la fin du XIXème siècle obligera les enfants à quitter définitivement leur province.
Ainsi, après avoir contracté un engagement volontaire dans l’armée, trois des fils du couple atterriront en Océanie après un passage plus ou moins long à Paris.
L’aîné, Edouard Philippe, qui s’était engagé pour 5 ans comme marin à Brest en 1884 deviendra maitre au grand cabotage en Calédonie, connu sous le nom de Capitaine Gané. Il découvrira les Nouvelles-Hébrides, vraisemblablement à partir de 1906 où il y débarque comme capitaine du côtre Boulari. Il y deviendra colon et trader à Ambrym.
Un de ses frères cadet, Emile Louis Marie, pâtissier de métier, rejoindra son frère à Paris puis à Nouméa avant de prendre la direction de l’Australie où il fera valoir ses talents de cuisinier avant de s’engager dans l’armée australienne durant la 1ère guerre mondiale, malgré un âge avancé.
Et enfin, Henri Louis Léon, comme de nombreux bretons émigrés de l’époque, travaillera un temps à la construction du métro parisien avant de rejoindre son frère ainé aux Nouvelles-Hébrides. Il s’éteindra en 1951 à Nouméa après une vie bien remplie.
Retrouvez l’histoire de tous les sportifs calédoniens qui ont écrit les pages de l’olympisme moderne dans ces deux videos de l’excellente série « Les Chemins de l’Histoire » sur NC La Première.