Cercle Celtique de Nouméa

Stuart Oliver retrouve son ancêtre pilote maritime

Stuart Oliver, résident de Perth, en Australie occidentale nous avait contacté pour la première fois au cours du mois de mai 2017.
Il avait découvert avec étonnement, dans nos relevés généalogiques, la retranscription d’un acte de décès dont il était quasiment certain qu’il concernait celui de son trisaïeul John Oliver…Sauf qu’il ne s’attendait à le retrouver capitaine de commerce anglais travaillant pour le compte de la France comme pilote de la station maritime de Nouvelle-Calédonie. 
Sa surprise a été d’autant plus grande qu’il nous écrivait avoir grandi bercé par les histoires familiales relatant les multiples voyages et trafics plus ou moins douteux de son ancêtre entre l’Australie et le territoire…jusqu’à sa soudaine disparition dans les années 1859-60.

Grâce au concours d’Emmanuel Cardon, des Pilotes Maritimes de Nouvelle-Calédonie et surtout de Valérie Vattier, du Musée Maritime de Nouvelle-Calédonie, il a été possible de retrouver l’emplacement très probable de la tombe du capitaine John Oliver. 

Et c’est un an plus tard que Stuart, accompagné de son épouse Margaret, a mis le pied en Nouvelle-Calédonie, pour la première fois de son existence, pour partir sur les traces de son aïeul capitaine santalier. 

Cette rencontre, aboutissement de la quête de toute une vie, est rapportée par ce beau reportage de NC 1ère.

Panneau province sud
Entrée du petit cimetière de l'ilôt Casy où John Oliver aurait été enterré à la hâte à la suite de son décès en mer.
Margaret et Stuart Oliver en compagnie de Valérie Vattier (directrice du Musée maritime), Yann Bouvet et Popy Desgrées du Lou (Pilotes maritimes) et Monique Viliseck, spécialiste du patrimoine historique du grand sud
John Oliver, le santalier

John est né le 1er mars 1823 à Fowey, un petit port de Cornouailles au Royaume-Uni, de William et Charlotte Jane, eux-mêmes domiciliés à Fowey. En 1850, il se marie à Jane Ann Richards à Sydney. Ils auront 4 enfants dont William Benjamin Félix, né à Port-de-France (Nouméa).

1850-1851 : John Oliver est capitaine du Fly, navigue entre les Nouvelles-Hébrides (actuel Vanuatu) et la Nouvelle-Calédonie en tant que santalier/bêche de mer.
Source : The export trade in tropical products in New Caledonia : 1841-1872.

1852 : John Oliver est capitaine du Royal Sovereign, qui appartient à Richard Towns. Il quitte l’Australie le 9 aout 1852 pour aller chercher du santal en Nouvelle-Calédonie.  Survient l’attaque de Canala durant laquelle le chef est tué (décembre).

18 janvier 1853 : il revient à Port Jackson avec un chargement de santal.

1853 : il est jugé devant la Cour suprême de Nouvelles Galles du Sud. On accuse John Oliver, capitaine du schooner Royal Sovereign, appartenant à Richard Towns, d’avoir livré aux gens de Canala deux chefs de Nakety en Nouvelle-Calédonie – l’un mort et l’autre capturé – en échange d’une grande quantité de bois de santal. Oliver est mis en liberté sous caution mais disparait.
Sources : D. Shineberg “Ils étaient venus chercher du santal” – The Empire Sydney, 12 septembre 1853 – Auction business

L'histoire de John Oliver nous ramène à l'époque des premiers contacts entre mélanésiens de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles Hébrides avec les européens.
John Oliver, premier pilote maritime de Nouvelle-Calédonie

1854 : par ordre du 3 mai 1854, John Oliver, capitaine du navire anglais Spec, est officiellement nommé pilote des côtes de Nouvelle-Calédonie par Tardy de Montravel. Il jouit alors d’une solde nette 20 livres sterling (500 francs) par mois et est admis à la table de l’état-major des bâtiments sur lesquels il navigue. Lorsque, entre les pilotages il n’est pas embarqué, il reçoit tant pour lui que pour sa femme l’allocation de vivres en nature.
Source : Bulletin Officiel de Nouvelle Calédonie du 3 mai 1854 (BONC)

1855 : Oliver est à bord du Spec avec sa femme et un premier enfant né en Australie. Il est enregistré comme pilote.
Source : Sydney Morning Herald, 27 avril 1855 – Loss of The Spec

11 mai 1858 : le Ministre demande s’il est nécessaire de maintenir le poste de John Oliver car décision va être prise de créer trois stations de pilote sur le territoire.
Source : Dépêche 11 mai 1858 (BONC)

Du 10 au 29 janvier 1859, John Oliver était à bord de l’Hérault (transport à voiles de la Marine nationale) en tant que pilote pour accompagner une mission à Balade.
Du 10 au 19 février 1859, il est à bord de la Thisbé, toujours en tant que pilote, pour accompagner une mission autour de la Nouvelle-Calédonie.
Source : documentation sur les bâtiments de la Marine française en Nouvelle-Calédonie jusqu’à 1884 – Bernard Goxe, 2006

John Oliver, matricule n°1861, meurt le 17 février 1859 à bord de la corvette la Thisbé dans le Sud de la Nouvelle-Calédonie.
Acte de décès John Oliver sur le registre d’état-civil de Nouméa extrait du rôle d’équipage de la Thisbé.

1870 : Hippolyte Sebert fait état de la présence du « tombeau » de John Oliver sur l’ilot Casy au début des années 1870 (p.56).

1887 : Paul-Jean Alric (1878-1937), fils de Jean Alric (lui aussi enterré sur l’îlôt Casy) devient pilote maritime en 1911 (33 ans)…

Merci à Valérie Vattier, directrice du Musée maritime de Nouméa pour les sources d’informations maritimes

La famille Oliver parmi les tous premiers résidents de Nouméa
Plan de Nouméa en 1930

Le 3 août 1856, John Oliver avait acquis par adjudication, un terrain référencé n° 63, rue Bouquet de la Crye.  Sur le plan ci-contre, cela correspond à l’emplacement n° 7, où en 1931 se trouvaient les Etablissements Ballande, rue d’Austerlitz, occupé actuellement le parking du centre commercial Champion.

Ce terrain faisait partie du premier remblai d’un marais. Sur le plan de Paul Coffyn datant de 1858, on y voit une habitation. Décédé prématurément, le capitaine John Oliver ne l’occupera pas longtemps. Mais sa veuve Jane Richards y demeurera avec ses enfants au moins jusqu’en 1866, avant de repartir vivre en Australie, y fonder une nouvelle famille et décéder en 1904 à Sydney à l’âge de 72 ans.

William Benjamin Félix Oliver, 1ère naissance déclarée et baptisé à Port-de-France

Le premier baptême qui a lieu le 5 mai 1856 à Port-de-France est celui de William Oliver, premier nouveau-né de la ville , né le 23 avril 1856. Mais les deux parents sont protestants. Le père Frémont accepte pourtant de le baptiser à condition que ses parents fassent la promesse d’élever l’enfant dans la religion catholique, ce qu’ils acceptent. A l’époque, la religion catholique est la seule représentée à Port-de-France. 

Le capitaine John Oliver a aussi été le père du premier enfant européen déclaré dans les registres de l'Etat-civil de Nouméa (alors appelé Port-de-France)
1er acte de baptême du registre de catholicité de la paroisse Saint Joseph. A noter que les parents sont dits anglais et protestants